parent nodes: Feuille de St Chinian 1 50000 BRGM | TECTONIQUE ET PALÉOGÉOGRAPHIE
HYDROGEOLOGIE
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HYDROGEOLOGIE
D'une extrême diversité dans la constitution de son sous-sol, le territoire
couvert par la feuille est en outre une zone de transition entre les reliefs du
massif de l'Espinouse et les plaines littorales du Biterrois : il en résulte une
grande variabilité des conditions climatiques et hydrologiques selon les
secteurs.
Du point de vue de l'hydrographie, la plus grande partie de la feuille est
tributaire du bassin de l'Orb ; seule sa bordure orientale se rattache au bassin
d'un très petit fleuve côtier, le Libron. Sa limite nord coïncide avec la
confluence du fleuve et de son principal affluent rive droite, le Jaur. C'est dans
son cours moyen que l'Orb traverse le territoire de la feuille Saint-Chinian et
son tracé y est sensiblement perpendiculaire aux directions structurales et
notamment durant sa traversée des terrains primaires (cluse de l'Orb). C'est
dans cette partie de son cours que l'Orb reçoit ses plus nombreux affluents : il
assure là, aussi bien la collecte des vallées superficielles de la partie
montagneuse qui correspond aux formations du Primaire, que le drainage des
écoulements souterrains issus des parties calcaires qu'il traverse et dont les
sources sont plus ou moins éloignées de son lit.
Les principaux de ces affluents sont :
— en rive droite : le Jaur, issu de la résurgence du même nom située à Saint-
Pons; le Rieuberlou et le ruisseau de Vernazobre qu'alimentent, pour la plus
grande part de son débit, les sources de Cauduro (feuille Saint-Pons), de
l'Adoux (5.15) et de Poussarou (5.5) ;
— en rive gauche : les ruisseaux du Pontil, de Laurenque, du Landeyran — ces
trois ruisseaux étant affectés de soutirages (points numérotés 2.21, 2.24 et 3.15
sur la carte) — et, plus en aval, dans les plaines mio-pliocènes, le Rieutort et le
ruisseau de Vallongue.
Du point de vue de la pluviosité, on observe, sur le territoire même de la
feuille, un accroissement des chutes d'eau en allant du Sud-Est vers le Nord-
Ouest : tandis que dans le quart sud-est la hauteur d'eau moyenne annuelle est
voisine de 700 mm, elle atteint 1 000 mm dans son quart nord-ouest (région
d'Olargues).
Du point de vue des volumes d'eau écoulés, l'importance du bassin
versant de l'Orb en amont de la feuille (850 km2 environ), sa situation en zone
montagneuse, sa nature peu perméable et la distribution de la pluie dans ce
bassin, déterminent le régime de son écoulement : celui-ci de type
méditerranéen, se caractérise notamment par un écart considérable entre débit
de crue, susceptible de dépasser 1 000 m3/s, et débit de saison sèche, de
l'ordre de 2 m3/s (moins de 1 m3/s en 1953 !), tandis que son débit moyen
interannuel est d'environ 20 m3/s; une amélioration a été apportée aux
conditions naturelles de cet écoulement à la suite de l'édification du barrage
d'Avène (capacité de 34 millions de m3) situé sur le territoire de la feuille
Camarès, qui permet un relèvement appréciable du débit en étiage. A sa sortie
de la feuille (station de Béziers), l'Orb restitue un volume d'eau moyen annuel
correspondant sensiblement à une lame d'eau de 500 mm pour 1 300 km2
environ de bassin versant. Il véhicule en outre une partie des eaux du bassin du
Tarn (près de 200 millions de m3/an) dérivées par EDF pour être turbinées dans
la vallée du Jaur à l'usine de Montahut.
Du point de vue des eaux souterraines, les distinctions suivantes peuvent
être adoptées dans le territoire de la feuille:
• Les plus anciens terrains (schistes métamorphiques) que l'on ne rencontre
que dans l'extrême quart nord-ouest de la feuille (communes d'Olargues et de
Saint-Vincent-d'Olargues) ne donnent lieu qu'à de très faibles restitutions
d'eau par de nombreuses sources dont les débits n'excèdent que rarement
5 l/mn.
• Les formations primaires, situées au Nord de l'axe joignant les angles
nord-est et sud-ouest de la feuille, comportent, du point de vue aquifère, deux
grandes distinctions :
— d'une part, les formations schisto-gréseuses (de type flysch) dont l'âge est
essentiellement cambro-silurien en rive droite de l'Orb et carbonifère en rive
gauche : ces formations sont médiocrement aquifères à l'exception de quelques
niveaux gréseux ou de conditions de fracturation favorables; elles peuvent alors
donner lieu à des écoulements dont les débits sont en général compris entre 1
et 5 l/mn (par exemple, les sources de Montahuc, de Berlou, de Font-Frège, de
la Fraise, du Crouzet, de Laurenque, etc.);
— d'autre part, des formations calcaires et dolomitiques, soit d'âge cambrien
(et localisées dans la partie située à l'Ouest de la vallée de l'Orb), soit d'âge
principalement dévonien et secondairement carbonifère et dont les plus larges
affleurements sont situés à l'Est de la vallée de l'Orb : ces formations,
intensément plissées et fracturées, comportent quelques niveaux aquifères
privilégiés, notamment dans leurs faciès dolomitiques : soumises à l'altération
karstique depuis de très longues périodes, elles constituent de bons aquifères
ainsi qu'en atteste la présence de nombreuses pertes, sources et cavités avec
écoulement souterrain, et des formes de surfaces habituelles à ce type de
réservoirs (le poljé de la Lande, le Trou de Tamban, le Trou de la Gaude, etc.).
Leurs dispositions structurales sont le plus souvent favorables à l'existence de
réserves profondes : ceci a déjà été confirmé en quelques points par les
résultats d'expériences de traçage, par les données de quelques forages, par des
anomalies positives de température de certaines sources attestant un
cheminement de l'eau en profondeur, par les indications révélées au cours de
plongées en scaphandre dans des sources et par des tests de pompage.
On retiendra en outre comme indices de karst profond sous-jacent, les très
spectaculaires dolines de Cabrerolles (le Clot) et de la gare de Faugères : la
genèse de ces dolines, ouvertes dans les formations schisto-gréseuses,
résulterait de l'existence de vides importants dans un karst sous-jacent pouvant
être situé à quelques centaines de mètres en profondeur
Les diverses formations aquifères « calcaires et dolomitiques » du domaine
primaire peuvent être subdivisées de la façon suivante :
a) Partie ouest (rive droite de l'Orb)
— On distingue trois secteurs d'affleurements, d'âge cambrien :
• au Nord : le faux synclinal de la montagne de Sainte-Croix (unité de
Malviès) dont la source du Fréjo (1.5) paraît constituer le principal exutoire
mais qui alimente d'autres petites sources, en général captées, et dont les débits
varient en étiage entre 0,5 et 5 l/s;
• plus au Sud : l'unité du Pié de Suc (unité de Naudet) est elle aussi drainée
par plusieurs petites sources dont les plus importantes sont celles de Lauriol (à
l'Est), du Val d'Enfer (au centre) et des Campels (à l'Ouest);
• enfin, encore plus au Sud, l'extrémité orientale des monts de Pardailhan s.s.
(unité de Poussarou) alimente trois sources importantes. Il s'agit de la source
de Cauduro (1013.8.3) dans le ruisseau de Vernazobre mais située sur la feuille
Saint-Pons (près de sa bordure), de la source de l'Adoux (5.15) située plus à
l'aval du même ruisseau, et de la source de Poussarou (5.5). Ces diverses
sources, dont les débits d'étiage sont compris entre 50 et 80 l/s, sont utilisées
pour l'alimentation des communes de Babeau-Bouldoux, de Saint-Chinian et
de leurs écarts.
Les conditions structurales qui caractérisent ces trois secteurs et la
karstification des calcaires, laissent présager l'existence de réserves notables
en-dessous des niveaux d'écoulement : de fait l'existence d'une zone noyée à la
terminaison orientale des monts de Pardailhan, a notamment été attestée par
traçage (relation entre la perte de l'Ilouvre, feuille Saint-Pons, et la source de
Poussarou) et par plongée (l'exutoire de la source de Poussarou a ainsi été
reconnu jusqu'à une vingtaine de mètres en-dessous de son seuil d'écoulement).
— On distingue en outre dans cette partie, entre les trois secteurs d'affleurement
de calcaires cambriens et le fleuve, une zone d'affleurements modestes, alignés
selon un axe Nord—Sud, constitués par des calcaires du Dévonien. Seule
l'extrémité nord de cette zone affleure assez largement, ce secteur paraissant
drainé par l'exsurgence de Font Molière (1.6). Si l'on se réfère aux hypothèses
structurales actuellement admises, ces calcaires devraient se trouver en profondeur
plus à l'Ouest de leur zone d'affleurement et pourraient de ce fait présenter
un intérêt pour leur utilisation par forage.
b) Partie est et vallée de l'Orb
On peut y distinguer deux ensembles principaux :
• au Nord : un ensemble structural, orienté Est—Ouest, constitué par des
calcaires et dolomies du Dévonien et du Carbonifère : bien qu'apparemment
subdivisé en plusieurs parties, la continuité en profondeur de cet ensemble,
auquel on peut appliquer l'appellation générale de « monts de Faugères », est
attestée par le régime et les caractéristiques de ses eaux souterraines;
• au Sud : l'unité du mont Peyroux, formée de terrains analogues.
Ces deux précédentes unités se trouvent reliées par une zone d'affleurements
continus en rive droite de la vallée de l'Orb, toutes les formations calcaires du
Dévonien et du Carbonifère plongeant vers l'Ouest sous le flysch schistogréseux
cambro-silurien : c'est dans cette partie médiane que se trouve le
groupe des sources les plus importantes, soit sur la rive droite, soit directement
sous le lit de l'Orb : le premier groupe est situé à l'aval de Vieussan (2.22), le
deuxième à l'aval de Ceps (2.23). Les débits de ces écoulements, difficiles à
estimer, pourraient être au minimum de 100 à 200 l/s en étiage. Ils révèlent en
outre une température comprise entre 18 et 20°, soit 6 à 8° au-dessus de la
température normale à laquelle on pourrait s'attendre dans ce secteur : il
apparaît ainsi qu'une partie au moins de ces eaux a subi un cheminement
notablement en-dessous de la cote des exutoires actuels. La probabilité de leur
origine relativement lointaine découle également du bilan hydraulique :
appliqué aux seules unités apparentes des affleurements calcaires de la région
de Vieussan, ce bilan ferait apparaître un très gros excédent d'eaux souterraines
écoulées par les sources dans ce secteur par rapport à celui, au contraire très
déficitaire, de l'unité des monts de Faugères s.s. qui ne comporte, malgré sa
plus grande extension, que des sources relativement modestes : sources du
Lau, des Brugasses, d'Aigues-Vives notamment. Des expériences de coloration
pourraient apporter la démonstration directe des relations entre les diverses
unités des monts de Faugères s.l., et, en particulier, à partir des pertes du Pontil
à Estaussan (2.21), du ruisseau de Laurenque (2.24) et du ruisseau du Pin
(2.8).
En dehors des sources du talweg de l'Orb, il en existe d'autres à des
distances plus ou moins éloignées qui sont soit pérennes : le Burgas (2.20), le
Foulon (2.26), soit temporaires: le Trou souffleur (2.19), Roquebrun (2.25),
les Douzes (2.28), le Tou (3.16), cette dernière source étant en relation avec
les pertes de Landeyran (3.15). Celle de Roquebrun a longtemps été utilisée
comme seul point de captage du chef-lieu, son alimentation en eau étant
actuellement assurée (ainsi que pour le village de Vieussan) par amenée des
eaux de la retenue du barrage de l'Airette (feuille Bédarieux n° 5) : des
plongées en scaphandre ont permis d'y reconnaître une profondeur d'eau de
l'ordre de 30 mètres. Aussi bien dans la région de Vieussan que dans celle de
Roquebrun, les conditions structurales sont très favorables à la présence d'une
importante zone noyée sous le niveau de l'Orb et les sources actuellement
recensées n'apparaissent qu'être le trop-plein de ces réservoirs permanents;
• enfin, dans l'angle nord-est de la feuille, le petit causse dévonien de Laurens
constitue une unité hydrogéologique distincte. La plus grande partie de son
drainage paraît assurée par la source de Rasclause (située sur la feuille
Pézénas) — cette source, captée pour le village de Gabian, aurait un débit
variant entre 5 et 20 l/s — et, secondairement, par la source pérenne du Parc
de Laurens (2 à 3 l/s) et par celle, temporaire, de la Douze (4.9). Entre ces deux
dernières, une carrière de marbre atteint un plan d'eau permanent à niveau
variable dans les calcaires et son utilisation est assurée par pompage pour
satisfaire aux besoins de l'exploitation du matériau.
• Les formations plissées du Secondaire et du Tertiaire de l'Arc de Saint -
Chinian comportent plusieurs niveaux calcaires aquifères, notamment dans
l'Hettangien, le Rognacien et le Lutétien. En raison de l'extrême complexité
tectonique, ces niveaux aquifères se trouvent très compartimentés et les
sources qu'ils alimentent sont nombreuses mais d'assez faibles débits. Captées
pour la plupart, elles sont parfois sollicitées par pompage en-dessous de leur
niveau d'écoulement (cas de la source de l'Adoux à Cazedarnes).
Les autres ouvrages de captage consistent soit en des puits dans les
formations de cailloutis qui occupent le fond des nombreuses combes de la
région et où se localisent les cultures (vignes essentiellement); soit en
quelques forages atteignant l'un ou l'autre des niveaux calcaires : les résultats
sont variables tant du point de vue du débit que de la minéralisation de l'eau.
Ainsi, près du domaine de Montmajou, deux forages, voisins de 300 m,
sollicitant l'eau dans le Lias calcaire, donnent respectivement, le premier (7.61 )
10m3/h d'eau impropre à la consommation en raison de sa forte teneur en
sulfate (4 g/l de résidu sec) et le second (7.62) 80 m3/h d'une eau potable.
Dans le Lutétien, les quelques forages exécutés fournissent des débits de
l'ordre de 5 à 10m3/h.
• Les formations mio-pliocènes constituant la région de plaines qui se
développent à la partie méridionale des ensembles précédents, ne comportent
de niveaux aquifères que dans leurs passées les plus sableuses : celles-ci
peuvent donner lieu à quelques sources, localement artésiennes mais de débits
modestes. Quelques forages ont été exécutés dans ces formations, les
profondeurs étant comprises entre quelques dizaines de mètres et 150 m
environ : les débits sont variables, compris entre 3 m3/h (forage 7.60) et
27 m3/h (forage 8.13); certains de ces forages peuvent manifester un
artésianisme (cas du forage 8.11 par exemple). Quelques petites sources de
contact apparaissent enfin à la base des cailloutis villafranchiens lorsque ceuxci
ont une extension suffisante pour entretenir de petites nappes au-dessus des
formations miocènes : plusieurs puits sollicitent ces nappes avec des débits qui
restent naturellement peu importants.
• Les formations alluviales de l'Orb affleurent, de façon discontinue, tout
au long de son trajet à travers la feuille, mais elles ne présentent d'extension
notable qu'à l'aval du domaine primaire et plus spécialement dans la partie de
la vallée située au débouché de la petite gorge de Réals dans le domaine des
plaines mio-pliocènes : le lit de l'Orb se développe alors au milieu des terrasses
de ses anciens cours. Du point de vue aquifère, les alluvions du lit mineur, dont
la largeur peut atteindre 200 à 300 m, se différencient des terrasses plus
anciennes par leur plus forte perméabilité et par une relation directe des eaux
qu'elles recèlent avec l'écoulement superficiel. C'est donc dans ce lit mineur
qu'ont été implantés les captages importants destinés à l'alimentation en eau
de nombreux villages des plaines mio-pliocènes (et de la ville de Béziers, à
partir d'un champ captant situé à 2 km au Sud de la limite de la feuille).
Certains de ces villages, regroupés au sein du syndicat AEP de la vallée de la
Mare, voient toutefois une partie de leurs besoins assurée par le captage de la
source de Font Caude (feuille Bédarieux, 988.2.208).
En fait, la plus grande part des débits prélevés dans les alluvions (qui
peuvent atteindre 150 à 200 m3/h par ouvrage) est due, ainsi que le confirme
l'évolution du chimisme de l'eau en cours de pompage, à une réalimentation de
la nappe par l'Orb. Le taux de prélèvement permis est donc conditionné par le
débit de l'écoulement du fleuve à l'étiage.
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