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Le Vernazobre

Midi Libre
Mardi 29 septembre 1992
Une inondation historique
Septembre 1875 à Saint-Chinian : 97 victimes !

Voici le récit (en 1877) des terribles vendanges
1875 à Saint-Chinian...
M. Robert Cavalié, ancien secrétaire général de la mairie de
Béziers, administrateur territorial hors-classe, et toujours
passionné de l'histoire du Biterrois, nous communique un texte
d'une actualité remarquable, extrait de l'« Hérault-Historique »
de A. et P. Fabre de l'année 1877.

Des vendanges « terribles », le mot n'est pas trop fort en cette année 1875 à Saint-Chinian, où l'on a dénombré 97 victimes !

- SAINT-CHINIAN .- Inondations : 12 septembre 1875.
« Nous ne pouvons parler de cette petite ville sans entendre
encore ce cri de détresse, écrivent A. et P. Fabre, qui a fait
écho et a eu un si douloureux retentissement dans notre,
riche département et dans la France entière. [...]

- « C'était en septembre 1875, la déplorable température qui
avait régné pendant tout l'été avait fait sentir son influence
sans exception sur toute la France, mais d'une manière à la
fois plus particulière et si terrible dans les départements du
sud-ouest ne pouvait que donner lieu aux plus sombres pressentiments.
Comme samedi
- « On remarquait des phénomènes météorologiques tout à
fait anormaux. Les orages grondaient au loin, de gros nuages
étaient balottés par des vents contraires (...).
« Depuis deux jours, le temps avait été très pluvieux, mais il y
avait eu des éclaircies de soleil et dans la journée même du
11 septembre, c'était un samedi, le vent du midi avait
accumulé de très gros nuages vers la montagne, le tonnerre
grondait au loin ; vers le soir le ciel était menaçant et on avait
à redouter la grêle ou une pluie torrentielle ; autant de fléaux
pouvant compromettre la récolte ; dés huit heures du soir le
tonnerre gronda, les éclairs sillonnèrent les nues et pendant la
nuit l'orage fut si violent qu'un grand nombre d'habitants
effrayés, ceux surtout qui habitaient les bas quartiers sortirent
de leurs habitations et se réfugièrent vers le haut de la ville ;
beaucoup envahirent la caserne de gendarmerie, vaste local
attenant à l'Hôtel-de-Ville.
Un nouveau pont sur la Vernazobre
- « Saint-Chinian est traversé du levant au couchant par une
petite rivière appelée le Vernazobre, petit affluent de l'Orb où
il va se jeter après un parcours de huit kilomètres ; ce petit
torrent où coule ordinairement une eau très limpide et qui n'a
aucun caractère offensif était devenu menaçant et, justement
alarmés, les riverains craignaient pour leurs caves ; mais là se
bornaient toutes les appréhensions car les plus anciens du
pays s'accordaient à dire que la plus forte crue qu'ils avaient
vue, il y avait fort longtemps, n'avait causé que de faibles
dégâts matériels dus à l'existence d'un pont trop étroit alors et
reliant les deux quartiers de la ville.
- « Le lit de torrent et l'ancien pont ayant été remplacés par
un nouveau viaduc à deux arches très-larges, le tout construit
par les soins de l'administration des ponts-et-chaussées, il y
avait de grandes présomptions pour espérer, malgré la
persistance et la durée de la pluie.
Un témoin : M. Barthès
- « Dans la matinée de cette même nuit. c'était le dimanche
12 septembre, les habitants attendaient avec anxiété les
premières lueurs du jour afin de se rendre compte, tant de la
situation atmosphérique que de l'état du ciel et de la crue de
la rivière, crue menaçante. mais non encore précisément
alarmante et dont il était facile de suivre les progrès. Vers cinq
heures du matin, après une courte accalmie, on avait lieu
d'espérer au jour naissant de voir l'orage disparaître, mais il
n'en était point ainsi, car à 6 h, il reprit avec une violence
terrible et à 7 heures, raconte un témoin oculaire, les
montagnes qui domine Saint-Chinian dans la direction de
Saint-Pons apparurent comme couvertes d'une neige épaisse
et fumante ; cette prétendue neige, ces montagnes fumantes
n'étaient autre chose qu'une immense cataracte formée par
une trombe d'eau qui s'était abattue sur elles et les avaient
converties en cascades bouillantes ; ce témoin ajoute que cette
vue lui fit une telle impression qu'il ne put se défendre de s'écrier
que la ville était perdue et traversant les rues en courant y jeta
l'alarme. (Ce témoin s'appelle Barthès).
En cinq ou dix minutes...
- « Ces eaux descendant des montagnes avec une rapidité
vertigineuse, se frayèrent un passage à travers tous les
obstacles, ne respectant rien, mutilant, arrachant et entraînant
avec elles tout ce qui barrait leur écoulement, c'est ainsi que
cherchant leur niveau naturel, elles se précipitèrent dans la
Vernazobre qui. insuffisante pour les contenir, les refoula dans
les rues avoisinantes qui se convertirent elles-mêmes en
torrents. Dans l'espace de cinq à dix minutes, les deux tiers de la
ville furent submergés et la terreur à son comble ; cette eau
amenant avec elle des arbres entiers roulait avec un fracas
épouvantable : à ce bruit sinistre se mêlait l'éclat de la foudre, le
vent et la pluie et, ce qu'il y avait de plus affreux, des cris de
détresse ; beaucoup d'habitants comprenant trop tard, hélas ! le
danger qu'ils couraient et l'impuissance d'un secours.
Durant trois quarts d'heure...
- « Cet état de chose dura environ trois quarts d'heure qui
parurent un siècle et la décroissance de l'eau eut lieu avec la
même rapidité.
- « Aussitôt la crise passée, les habitants purent sortir de leurs
demeures, ce fut alors qu'il fût permis de se rendre compte du
désastre. Il serait trop long ici d'en faire la description détaillée
[...] nous dirons en peu de mots seulement que des quartiers et
des rues entières on été emportées par le torrent : tels sont le
quartier du Saut qui se trouvait à l'extrémité d'un des faubourgs
de la ville, en amont de la rivière, les rues des Tisserands,
Villeneuve et de la Fontaine où toutes les maisons qui se
trouvaient au bord de la rivière ont été complètement emportées
en majeure partie, sans laisser de vestiges, et d'autres n'ont
conservé que des pans de mur pour attester leur ancienne
existence.
Engloutis sous les effondrements
- « Un grand nombre d'habitants n'avait pas eu le temps de fuir
leurs maisons et s'il y en a quelques-uns qui ont pu se sauver
pendant la tourmente, le plus grand nombre a été englouti dans
les effondrements et emporté au loin par la violence des flots
avec meubles et maisons. Citons le quartier du Saut où sur une
famille composée de quinze membres, quatorze ont péri pendant
que, plus heureux, le quinzième s'est miraculeusement sauvé à
la nage. Le nombre de ces malheureuses victimes, qu'aucune
puissance humaine ne pouvait secourir et que l'on voyait pendant
la tourmente se tordre d'effroi sur leur toiture dans l'attente d'une
mort certain et inévitable, s'est élevé à quatre-vingt-dix-sept de
tout sexe et de tout âge...
- « Les eaux en se retirant avaient mis à découvert plus de
ruine: qu'on ne s'y attendait et de loin en loin dans la ville comme
dans II campagne, elles avaient déposé des amoncellements
considérable: de poutres, de meubles, de linge, le tout recouvert
d'un épais limon dans lequel se trouvaient enfouis des corps
humains, des détritus d'animaux dont il était à craindre que les
miasmes ne fussent funeste à la santé.
- « Les fils télégraphiques avaient été rompus, des poteaux
renversés et comme aggravation à la triste situation où se
trouvait la ville, la route qui la reliait à Saint-Pons, son chef-lieu
d'arrondissement où elle devait s'adresser, avait été, en maints
endroits ravinée, emportée même et il fut reconnu qu'il devenait
impossible à tourner les regards de ce côté; ce fut alors que l'on
songea à s'adresser à Béziers, d'où arrivèrent pendant la nuit les
secours le plus empressés en même temps que les plus
généreux, iant il est vrai de dire qu'il existe comme une espèce
de solidarité entre les localités voisines. »
N.D.L.R. : A Saint-Chinian ce jour là, on dénombrera 97 victimes,
149 maisons détruites, 300 obligées de l'être après le dégâts
subis et plus de 200 familles réduites à la misère. Un récolte
entièrement détruite sur pieds et des pertes totale qui
dépassèrent alors les 2 millions de l’époque (or, bien sûr)

Pluies orageuses intenses sur le Sud de la France
08/09/2010
Article mis à jour le 13/09/2010

Le sud de la France a été touché par un épisode pluvio-orageux intense d’une trentaine d’heures entre la nuit du 6 septembre et le 8 septembre au matin. Il s’agit d’un épisode méditerranéen comme il s’en produit régulièrement dans ces régions, avec des cumuls pouvant atteindre l’équivalent de plusieurs mois de pluie en seulement quelques heures ou quelques jours. Ces phénomènes sont liés à des remontées d'air chaud, humide et instable en provenance de Méditerranée à l’origine de violents orages parfois stationnaires. Ils se produisent principalement en automne, période où la mer Méditerranée est la plus chaude.

Cet épisode du 7 septembre s’est déroulé en 3 phases distinctes. Dans la nuit du 6 au 7 septembre, les pluies ont touché les plaines du Gard, le sud-ouest de Vaucluse et le nord-ouest des Bouches-du-Rhône donnant des cumuls très conséquents : plus de 300 mm en 7 heures à Conqueyrac (Gard) et plus de 200 mm en 4 heures à Cavaillon (Vaucluse).



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