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Commune Bize Minervois

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Extraits destinés au site Internet officiel, "Mairie de Bize-Minervois", avec l'aimable autorisation de l'auteur.
PETITE HISTOIRE DES FOUILLES DANS LES GROTTES DE BIZE (du XIXème siècle à nos jours)
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http://goo.gl/W4rm
es grottes ont été visitées et fouillées à de nombreuses reprises depuis 1826, visites et fouilles faisant parfois l’objet de publications plus ou moins complètes ou détaillées. Bien des chercheurs du XXI siècle considèrent les grottes de Las Fonts comme un site exceptionnel, dont le remplissage, constitué de dépôts d’âge compris entre 80 000 et 10 000 ans, permet de suivre l’évolution de la flore, des paléoclimats et l’évolution culturelle tout au long de la dernière glaciation.

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Ces grottes ont joué un rôle pour la science préhistorique.
es premières fouilles scientifiques ont été initiées par Paul Tournal.

aul Tournal est le premier chercheur connu qui ait fouillé les grottes de Bize poussé par une autre motivation qu’une vague curiosité. Né à Narbonne en 1805, il partit à Paris en 1823 pour y faire des études de pharmacie. Remarqué par ses maîtres pour ses aptitudes peu ordinaires il fut mis en rapport avec des savants de la capitale qui stimulèrent son goût de la géologie et de la botanique.



ersuadé que l’homme avait existé bien avant les quelques 5000 ou 6000 années qu’on lui prêtait alors généralement d’après une interprétation littérale de la Genèse, il en chercha des preuves dans les grottes de la région.


e 1827 à la première guerre mondiale.

ors de travaux à Bize qui se répartirent sur environ deux années (1826 - 1827) il y découvrit “une succession de dépôts marquant alternativement la présence de l’homme et celles de grands carnivores : ours et hyène“ (Dominique Sacchi). Après quelques autres publications sur le sujet, Paul Tournal publia en 1834 une “Note sur les cavernes à ossements de la vallée de la Cesse, et observations sur les ossements humains confondus avec des ossements de mammifères terrestres appartenant à des espèces perdues”. Les signes de la présence humaine en compagnie de ceux de grands animaux aujourd’hui disparus témoignaient pour lui de l’existence de l’homme quelques 40 millénaires avant notre ère.


e pharmacien de Narbonne est considéré aujourd’hui comme l’un des fondateurs de la notion de l‘homme-fossile, origine de l’archéologie préhistorique dont la France fut, après les travaux de Boucher de Perthes, la source et la référence incontestée jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Il fit connaître ses découvertes dans des publications qui eurent un grand retentissement, suscitant la venue à Bize des scientifiques les plus éminents de France et de l’étranger. Le modeste village du Narbonnais accueillit ainsi les plus grands noms de la paléontologie et de la géologie au cours des XIX et XX siècles. Les premiers d’entre eux furent guidés par Paul Tournal.

arcel de Serres (1783 - 1862), professeur de géologie à la faculté des sciences de Montpellier, après avoir douté des thèses de Tournal dans un premier temps, lui apporta son appui dans la période où elles étaient encore fortement contestées. Découvreur, en 1828, de la Caune de l’Arago, dans les Pyrénées Orientales, où l’on mettra au jour, en 1969, l’”homme de Tautavel“, il a contribué pour une large part à la recherche dans les cavernes à ossements humains du Midi de la France, dont celles de Bize. Il y est venu entre 1839 et 1855, et y a recensé une quinzaine d’espèces animales ainsi que des ossements humains et des instruments variés, en bois de cervidés et en os. Il est sans doute l’un des premiers scientifiques à avoir visité la grotte de l’ermite, dont l’entrée, située à une cinquantaine de mètres au-dessus de la grande grotte, peu visible et difficile d’accès, a été négligée par la majorité des chercheurs

rinckmann, qui fut l’un des premiers à affirmer la contemporanéité de l’homme avec les grands carnivores du quaternaire, en a cherché la confirmation à Bize, procédant à une petite fouille avec Jullien en 1860.

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douard Filhol (1814 - 1883), Directeur du Museum d’Histoire Naturelle de Toulouse vint à Bize à la suite de Paul Tournal. Il fut l’un des premiers à mesurer l’importance des découvertes du pharmacien de Narbonne.

aul Gervais, (1816 - 1879), zoologiste, doyen de la faculté de sciences de Montpellier, faisait des recherches sur l’ancienneté de l’homme. Après avoir douté des conclusions de Tournal, il vint faire des fouilles à Bize, en 1863, 1864 et 1866. Il confirma alors pleinement la thèse de son prédécesseur.


près la mort de Paul Tournal, survenue en 1872, le grand préhistorien toulousain d’origine marseillaise Emile Cartailhac (1845-1921), président de la Société Archéologique du Midi de la France de 1914 à 1921, est venu plusieurs fois aux grottes de Bize, vraisemblablement en 1876 ou 1877, et a été le premier à attirer l’attention des archéologues sur les quartzites taillés qu’il y trouva.

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oseph Simon Albaille, viticulteur de la région de Béziers, décédé en 1942, fouilla les grottes de Bize de 1911 à 1914 avec G. de Crozals, puis en 1923, 1924, 1927, 1928 et 1929, en compagnie d’Eugène Genson. Albaille et Genson firent des recherches dans la petite grotte de l’Ermite, située une cinquantaine de mètres au dessus des deux principales, et généralement ignorée par leurs prédécesseurs, à l’exception de Marcel de Serres.

ravaux connexes et visites avant la première guerre mondiale.

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endant un demi-siècle environ les scientifiques les plus autorisés, tels que Boucher Crèvecœur de Perthes (1788-1868), confirmèrent et précisèrent la découverte de Tournal. Boucher de Perthes est considéré par Tournal lui-même comme le fondateur de la science préhistorique bien que ses découvertes, en 1828, soient un peu postérieures à celles du pharmacien de Narbonne. Melleville, Desnoyers (1800-1887), Milne-Edwards (naturaliste français 1800-1885), Cordier, Edouard Lartet (l‘un des premiers investigateurs de la grotte d‘Aurignac en Haute Garonne), Lyell, géologue anglais (1797-1875), reconnurent l’importance des recherches de Tournal et adoptèrent ses conclusions.

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Entre les deux guerres mondiales.
Fouilles scientifiques
ouis Giraux fouilla les grottes de Bize dès avant la guerre de 1914 et publia en 1912 et 1925 (voir bibliographie). Il signale l’apparition des escargots comestibles dans la strate magdalénienne, soit vraisemblablement plus de 10 000 ans avant notre ère.

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arius Cathala (1858 - 1952) viticulteur à Argeliers, très impliqué dans la révolte de 1907, était aussi un érudit curieux de l’histoire de l’homme, sensible à la présence des signes de celle-ci sur le sol qu’il parcourait quotidiennement.

ans la première décennie du 20ème siècle, il fouilla les grottes de Bize à l’instigation de Jean Miquel (de Barroubio), (cité plus loin), et fut parfois assisté dans ses travaux par Georges Baquié (de Nissan) en 1905 et 1906. Bien avant la datation au carbone 14 et les méthodes d’analyse microscopique il eut conscience de la diversité des sciences auxquelles il faudrait faire appel pour aboutir à une étude précise de l’histoire de l’homme dans les grottes. Il retira de ses propres fouilles de nombreux ossements d’animaux et humains, en particulier une mandibule humaine en 1905 ainsi que des quartzites et des silex taillés, dans une couche où Albaille découvrirait quelques années plus tard, avant la guerre de 1914, deux os et une dent d‘homme.

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ean Miquel (1859 - 1940) était originaire de Barroubio, commune de Saint-Jean de Minervois, autrefois de Pardailhan, où il possédait une propriété viticole. Ayant une vocation de naturaliste pluridisciplinaire, il s’intéressa à la botanique, la géomorphologie, l’agriculture, la préhistoire et l’archéologie. Ses travaux dans ces deux dernières disciplines furent souvent faits en collaboration avec le Dr Joseph Coulouma, de Béziers (1891-1962) ou avec Marius Cathala, (déjà cité) avec lequel, en particulier, il explora les grottes de Bize dès le début du XX° siècle.

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ean Miquel établit des contacts avec de nombreux scientifiques de renom, avec lesquels, selon une pratique courante alors, il échangea de nombreuses trouvailles. En 1927 il vendit au laboratoire de géologie de Montpellier et au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris une grande partie de ses collections de fossiles.

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ugène Genson (1888 - 1968) viticulteur de la région de Béziers s’intéressant à l’archéologie fouilla les grottes de Bize de 1929 à 1931, en compagnie de Joseph Simon Albaille, qui avait commencé ses fouilles avant la guerre de 1914 (voir plus haut) S’ils ont consciencieusement remis l’abondant matériel trouvé aux autorités scientifiques, soit 8441 pièces. (Source : de Lumley, 1971), leurs écrits ont été très succincts et l’on en trouve peu de traces aujourd’hui.

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héophile Héléna, (1871 - 1952) instituteur à Saint Marcel (Aude), et son fils Philippe Héléna (né à Saint Marcel en 1898, décédé accidentellement en 1961) avaient commencé à fouiller dans les grottes de la région de Narbonne dès avant la première guerre mondiale. Théophile avait découvert à Bize un coup de poing acheuléen (actuellement au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse), le 13 juin 1907.


es grottes de Bize faisaient alors l’objet d’un pillage constant par des chercheurs occasionnels plus ou moins scrupuleux. Ainsi, dans un compte-rendu à l’Institut de Paléontologie du 1/12/1931 les Héléna père et fils signalent qu’il s’est “à un moment et une date assez proche, institué dans la région un véritable commerce des objets paléolithiques de Bize, commerce grâce auquel les plus grands musées du monde ont pu s’approvisionner en séries de la célèbre station”


hilippe Héléna, nommé Bibliothécaire Archiviste de la Ville de Narbonne en 1924, anima la Commission Archéologique de cette ville, fondée par Paul Tournal. Il fut un artisan de la classification des grottes de Bize en Monuments Historiques, obtenue le 24 août 1931.

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n 1941 la législation interdit toute fouille à quiconque, même sur son propre terrain, sans autorisation officielle. Malgré cela la grille fermant les grottes de Bize ne tarda pas à être endommagée à nouveau et fut finalement remplacée dans les années 1980 par une cloison dotée d’une porte.

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Après la deuxième guerre mondiale.
Fouilles scientifiques
e Docteur Pausier, de Saint-Gervais-sur-Mare, effectua en 1957 de brèves recherches, sans doute cependant assez importantes, puisqu’il employa trois ouvriers pour l’assister.

acques Lauriol (1920 - 2006), viticulteur à Bize, fouilla les grottes et divers sites dans les environs durant les années 1950 et 1960. Doté d’un esprit curieux et rigoureux, encouragé dans sa vocation de préhistorien par Marius Cathala d’Argeliers, qu’il avait rencontré en 1942, il travailla sous l’égide la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, de la Commission Archéologique de Narbonne et de la Société Archéologique de Béziers. Il publia scrupuleusement les résultats de ses recherches, accompagnés de ses propres dessins, en particulier dans les “Cahiers ligures de préhistoire” mais aussi dans la rubrique historique du journal “L‘Aude“ qui reprit certains de ses écrits en 1987. Une partie du matériel qu’il a mis au jour se trouve au musée de Minerve.


eorge Jauzion , spéléologue en vacances dans la région, fouilla les grottes de Bize et en leva la topographie en 1947 (petite grotte) et 1949 (grande grotte).


l trouva dans la petite grotte, en 1949, des fragments de trois crânes et autres ossements humains. Nous ignorons aujourd’hui ce que sont devenues ces pièces. Reprenant ses fouilles en 1950 il découvrit encore d’autres produits de l’industrie humaine et des ossements d’animaux. Il remarquait alors que le gisement était “loin d’être épuisé”.


ean Guilaine, né à Carcassonne en 1936, protohistorien, professeur au Collège de France, correspondant français de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, est celui qui a identifié le “groupe de Bize” (1970, 1971) devenu le “Bizien” (4200 avant J.C.)


e Bizien est un style ornemental de poteries néolithiques orienté vers la production de cannelures ou de bandes grillagées disposées en méandres ou en guirlandes,


a principale originalité est constituée d’écuelles à cran interne.

enri de Lumley, préhistorien français né en 1934, professeur au Muséum d’Histoire Naturelle, Directeur honoraire de l’Institut de paléontologie humaine, connu comme le “découvreur de l’Homme de Tautavel”, étudia en 1969 le matériel rassemblé dans les collections Albaille et Héléna sur les grottes de Bize.

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André Tavoso (1943-1988), archéologue du C.N.R.S. basé à l’Université d’Aix-Marseille, a effectué des fouilles avec des équipes de chercheurs, de 1970 à 1985, à raison de plusieurs mois par an en périodes estivales.

’est la plus longue période de fouilles systématiques des grottes de Bize qui ait eu lieu depuis les premiers travaux de Paul Tournal.

’une des premières remarques d’André Tavoso est que l’importance du matériel recueilli depuis un siècle et demi (des centaines de milliers de pièces), est sans commune mesure avec les quelques publications connues.


yant déjà une expérience de fouilles de longue durée en d’autres lieux de la région, appliquant des méthodes d’étude ayant beaucoup progressé depuis l’époque d’Albaille et Héléna, présent pendant une période plus longue que tous ses prédécesseurs, utilisant les techniques récentes d’analyse (chrono stratigraphie, datation au carbone 14, palynologie) l’archéologue du C.N.R.S. fait franchir un seuil qualitatif tout autant que quantitatif au travail sur les grottes de Bize.

l précise que les restes découverts par Paul Tournal sont ceux d’un homme de Neandertal, ayant donc vraisemblablement vécu dans les grottes de Bize entre :

- 48.000 ans et - 34.000 ans.

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